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Par Maxime Jumelle

CTO & Co-Founder

Publié le 23 déc. 2025

Catégorie Agentic AI

Multi-agents : comment ça marche ?

L'émergence de l'Agentic AI a transformé notre façon de concevoir les systèmes d'intelligence artificielle. Un agent IA autonome, capable de raisonner, planifier et exécuter des actions, représente déjà une avancée majeure par rapport aux LLM classiques. Cependant, face à des missions complexes nécessitant des compétences variées ou un volume de travail conséquent, un agent unique atteint rapidement ses limites. C'est dans ce contexte que les architectures multi-agents prennent tout leur sens.

Le principe est simple mais puissant : plutôt que de surcharger un seul agent avec toutes les responsabilités, on distribue le travail entre plusieurs agents spécialisés qui collaborent pour atteindre un objectif commun. Cette approche s'inspire directement des organisations humaines, où la division du travail et la coordination entre experts permettent de résoudre des problèmes qu'aucun individu ne pourrait traiter seul.

Dans cet article, nous allons explorer pourquoi le multi-agents s'impose comme une nécessité pour certains cas d'usage, découvrir les deux grandes architectures qui structurent ces systèmes — le superviseur d'agents et le réseau d'agents — et identifier les scénarios concrets où cette approche apporte une réelle valeur ajoutée.

Pourquoi le multi-agents ?

Avant d'explorer les architectures, il est essentiel de comprendre les limitations qui rendent le multi-agents nécessaire. Un agent unique, aussi sophistiqué soit-il, se heurte à plusieurs contraintes fondamentales.

La première concerne la spécialisation. Un agent configuré pour exceller dans la recherche documentaire n'aura pas nécessairement les prompts, les outils ou le contexte optimaux pour rédiger du contenu marketing ou analyser des données financières. Tenter de créer un agent "généraliste" conduit souvent à des performances médiocres sur l'ensemble des tâches, là où des agents spécialisés excellent chacun dans leur domaine.

La complexité cognitive représente une deuxième limite. Les LLM, malgré leurs capacités impressionnantes, peinent à maintenir une cohérence sur des raisonnements très longs impliquant de nombreuses étapes. Décomposer un problème complexe en sous-tâches confiées à différents agents permet de réduire la charge cognitive de chaque composant et d'améliorer la fiabilité globale du système.

Enfin, la scalabilité entre en jeu. Un système multi-agents peut paralléliser certaines opérations, ajouter de nouvelles capacités en intégrant simplement un nouvel agent, et isoler les erreurs pour éviter qu'un échec local ne fasse échouer l'ensemble du processus.

Limitation d'un agent uniqueSolution multi-agents
Prompts et outils génériquesAgents spécialisés par domaine
Raisonnement long et fragileDécomposition en sous-tâches
Évolution difficileAjout modulaire de nouveaux agents
Échec en cascadeIsolation et gestion des erreurs par composant

Ces constats ont conduit à l'émergence de deux grandes familles d'architectures multi-agents, chacune avec sa philosophie propre : l'approche hiérarchique avec superviseur, et l'approche distribuée en réseau.

L'architecture superviseur d'agents

L'architecture superviseur d'agents repose sur une hiérarchie claire où un agent central, le superviseur, orchestre le travail de plusieurs agents workers spécialisés. Cette organisation reproduit le modèle managérial classique : un coordinateur analyse les demandes, délègue les tâches aux experts appropriés, et synthétise leurs contributions.

Architecture superviseur d'agents

Le superviseur remplit plusieurs fonctions essentielles. Il analyse d'abord la requête initiale pour identifier les compétences nécessaires et décomposer l'objectif en sous-tâches. Il décide ensuite quel agent worker solliciter à chaque étape, en fonction de leurs spécialités respectives. Tout au long de l'exécution, il maintient une vision globale de l'avancement et gère les dépendances entre tâches. Enfin, il agrège les résultats pour produire une réponse unifiée et cohérente.

Requête utilisateur: "Analyse les tendances du marché IA et rédige un rapport exécutif"

Superviseur: Cette tâche nécessite recherche, analyse et rédaction.

→ Délégation à l'Agent Researcher
   Résultat: Données de marché, études récentes, statistiques clés

→ Délégation à l'Agent Analyst  
   Résultat: Identification de 4 tendances majeures avec projections

→ Délégation à l'Agent Writer
   Résultat: Rapport structuré de 1500 mots

Superviseur: Compilation et vérification de cohérence du livrable final.

Les agents workers peuvent adopter différentes architectures internes selon leurs besoins. Un agent de recherche pourrait utiliser le pattern ReAct pour alterner réflexion et actions de recherche, tandis qu'un agent d'analyse complexe pourrait s'appuyer sur l'approche Plan-and-Execute pour structurer son raisonnement en étapes planifiées.

Cette architecture présente plusieurs avantages significatifs :

  • Contrôle centralisé : le superviseur maintient une vision globale et peut intervenir à chaque étape
  • Prévisibilité : le flux d'exécution est clairement défini et traçable
  • Gestion des erreurs simplifiée : le superviseur peut réagir aux échecs en reformulant les demandes ou en sollicitant un agent alternatif
  • Scalabilité modulaire : ajouter une nouvelle capacité revient à intégrer un nouvel agent worker

Cependant, elle comporte aussi des limitations :

  • Point de défaillance unique : si le superviseur dysfonctionne, tout le système est paralysé
  • Goulot d'étranglement : toutes les décisions transitent par le superviseur, ce qui peut créer des latences
  • Complexité de conception : définir les règles de routage et les responsabilités de chaque agent demande un travail important

L'architecture réseau d'agents

L'architecture en réseau propose une approche radicalement différente : plutôt qu'une hiérarchie centralisée, les agents forment un graphe de collaboration où chacun peut communiquer directement avec les autres selon des règles définies. Il n'existe pas de superviseur unique ; la coordination émerge des interactions entre agents pairs.

Dans ce modèle, chaque agent possède une connaissance des autres agents du réseau et de leurs capacités. Lorsqu'un agent reçoit une requête qu'il ne peut traiter seul, il peut solliciter directement un autre agent spécialisé, sans passer par un intermédiaire central. Les agents peuvent également travailler en parallèle sur différents aspects d'un problème, puis synchroniser leurs résultats.

Architecture réseau d'agents

Cette architecture excelle dans les scénarios où l'expertise est distribuée et où les interactions entre domaines sont fréquentes. Par exemple, un agent commercial pourrait consulter directement un agent juridique pour vérifier une clause contractuelle, sans qu'un superviseur doive orchestrer cet échange.

CritèreSuperviseurRéseau
StructureHiérarchiqueDistribuée
CoordinationCentraliséeÉmergente
CommunicationVia le superviseurDirecte entre agents
RésilienceDépendante du superviseurPas de point unique de défaillance
ComplexitéRègles de routageProtocoles de communication
ParallélisationContrôlée par le superviseurNative entre agents

Les avantages de l'architecture réseau incluent :

  • Résilience accrue : l'absence de point central de défaillance rend le système plus robuste
  • Parallélisation naturelle : les agents peuvent travailler simultanément sans attendre les décisions d'un coordinateur
  • Flexibilité : les patterns de collaboration peuvent évoluer dynamiquement selon les besoins

Les inconvénients sont néanmoins notables :

  • Complexité de coordination : sans superviseur, assurer la cohérence globale devient plus difficile
  • Risque de boucles : les agents peuvent se solliciter mutuellement de manière improductive
  • Debugging complexe : tracer le flux d'exécution dans un réseau d'interactions est plus ardu
  • Conflits potentiels : sans arbitre central, les désaccords entre agents sont plus difficiles à résoudre

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Cas d'usage concrets

Les architectures multi-agents démontrent leur valeur dans de nombreux scénarios où la complexité ou la diversité des tâches justifie cette approche.

Automatisation de processus métier complexes

Dans un contexte entreprise, le traitement d'une demande client peut impliquer plusieurs départements. Un système multi-agents supervisé peut orchestrer un agent d'analyse qui extrait les informations de la demande, un agent de vérification qui consulte les politiques internes, un agent de calcul qui détermine les montants ou délais applicables, et un agent de communication qui génère la réponse personnalisée. Le superviseur assure que ces étapes s'enchaînent correctement et gère les cas nécessitant une escalade humaine.

Recherche et production de contenus

La création de contenus documentés illustre parfaitement l'intérêt du multi-agents. Un agent researcher collecte les sources et données pertinentes, un agent analyst identifie les tendances et insights clés, un agent writer structure et rédige le contenu, et potentiellement un agent reviewer vérifie la qualité et la cohérence. Chaque agent est optimisé pour sa fonction, produisant un résultat final de meilleure qualité qu'un agent généraliste.

Développement logiciel assisté

Une équipe virtuelle d'agents peut reproduire le workflow d'une équipe de développement. Un agent architecte analyse les spécifications et conçoit la structure, un agent développeur implémente le code, un agent testeur écrit et exécute les tests, un agent reviewer audite la qualité. L'architecture réseau peut être pertinente ici, permettant par exemple à l'agent testeur de solliciter directement l'agent développeur pour clarifier une intention, sans repasser systématiquement par un superviseur.

Analyse décisionnelle multi-sources

Pour des décisions stratégiques nécessitant l'agrégation d'informations diverses, un réseau d'agents spécialisés peut opérer en parallèle : un agent pour les données financières, un autre pour l'analyse de sentiment social, un troisième pour la veille concurrentielle, un quatrième pour les indicateurs macroéconomiques. Ces agents peuvent échanger directement pour affiner leurs analyses respectives, avant qu'un agent de synthèse produise une recommandation consolidée.


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Conclusion

Les architectures multi-agents représentent une évolution naturelle de l'Agentic AI vers des systèmes capables de traiter des problèmes d'une complexité inaccessible à un agent isolé. En distribuant le travail entre agents spécialisés, ces architectures combinent les avantages de l'expertise ciblée avec la puissance de la collaboration.

Le choix entre l'architecture superviseur et l'architecture réseau dépend fondamentalement du contexte d'application. Le superviseur convient aux scénarios nécessitant un contrôle strict, une traçabilité claire et une gestion centralisée des erreurs. Le réseau excelle lorsque la résilience, la parallélisation et la flexibilité des interactions sont prioritaires. Dans la pratique, des architectures hybrides combinant les deux approches émergent également, avec par exemple des superviseurs locaux coordonnant des sous-groupes d'agents au sein d'un réseau plus large.

Pour les équipes développant des solutions d'IA avancées, maîtriser ces patterns architecturaux devient un atout différenciant. À mesure que les cas d'usage de l'Agentic AI se complexifient, la capacité à concevoir des systèmes multi-agents robustes, maintenables et performants s'impose comme une compétence essentielle pour construire l'intelligence artificielle de demain.

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